Projet SporTrans citoyenneté
Présentation du projet
ACCEPTESS-T a décidé de promouvoir l’activité physique et sportive, en réaffirmant la dimension interculturelle de celle-ci, pour favoriser une ouverture aux autres. Lutter contre tous les stéréotypes, toute forme de discrimination, comme le sexisme, le racisme et la transphobie. Renforcer la visibilité et réclamer à travers les échanges sportifs l’égalité de chances pour les personnes trans et leur droit à la citoyenneté.
- Lutter contre les discriminations :
ACCEPTESS-T a toujours cherché à renforcer son analyse des discriminations subies par le public auquel elle s’adresse. L’équipe a ainsi contribué à une enquête sur le sujet soutenue par le Conseil régional d’Ile-de-France dont les résultats sont disponibles en ligne. Tout d’abord, ils mettent en avant une transphobie institutionnelle persistante. Les personnes transgenres migrantes sont décrites comme victimes de représentations négatives liées à l’ignorance des spécificités qui les concernent. La migration les fragilise davantage et constitue une source de rejet, surtout si la personne migrante est issue d’une minorité visible. L’accès au travail est compliqué du fait de ces représentations. En l’absence d’accès à ce marché, la prostitution devient la seule source de revenu. Ces discriminations sont intériorisées et touchent un grand nombre de secteurs de la vie. C’est le cas de l’accès à l’activité physique.
Permanences sportives
LA PERMANENCE PISCINE – EAUX Z’ONS LE GENRE
Tous les jeudis de 16h30 à 18h
hors vacances et jours fériés
Piscine des amiraux
6, rue Hermann Lachapelle 75018 PARIS
Inscription sur place. 3 euros la séance. Pas d’obligation de devenir membre adhérent.e d’Acceptess-T
- Une démarche d’empowerment
Les séances organisées à la piscine (adaptées aux FTVVIH ou ouvertes à tout-e-s), mais aussi la création et la promotion des équipes sportives transgenres, sont l’occasion de mettre en avant l’importance du corps, de la santé et de la visibilité dans le vécu des personnes transgenres : au-delà d’une remise en confiance, qui passe par une estime de soi retrouvée (certaines personnes transgenres n’étaient plus allées à la piscine depuis de nombreuse années, par exemple), la dimension collective des activités sportives organisées par l’association procure un espace de mutualisation de la parole, d’expression souvent partagée des expériences de vie et de santé, voire de mobilisation. Tout en offrant la possibilité à une partie des bénéficiaires de rompre l’isolement toute en améliorant leur santé, cette démarche clef d’empowerment à Acceptess-T est aussi l’occasion de faire entendre la voix et les revendications des personnes transgenres du local à l’international, puisque les équipes constituées sont appelées à participer à des compétitions LGBT en Europe.
- Le groupe Paris TSG (Groupe Sportif Transgenre)
C’est en réponse à ces problématique qu’est créé le Groupe Sportif Transgenre de Paris en juin 2014. A l’époque, ACCEPTESS-T s’était par ailleurs associée à une recherche menée dans le cadre d’une thèse de Doctorat en Médecine, consacrée aux relations entre le sport et la santé des personnes transgenres. L’activité physique et sportive est perçue par les répondantes comme un élément essentiel de la qualité de vie, participant pour 80 % des personnes interrogées au bien être moral, pour à 65 % d’entre-elles à un état de bonne santé, ou encore vécu par 40 % comme un moyen de connaitre des moments de convivialité. Cette activité n’est pourtant pratiquée que par 20 % de notre public. Plusieurs facteurs explicatifs sont identifiés : la peur, la séropositivité, la transition, la fragilité psychologique, la fragilité de l’image de soi, les représentations négatives du sport et la précarité.
Il s’agissait donc de promouvoir une adhésion active aux valeurs de l’association en encourageant la participation à des activités collectives à la fois ludiques et porteuses de visibilité. Très vite, l’équipe s’est concentrée sur trois projets qui ont été regroupés sous le titre de SporTrans Citoyenneté en 2015 : les équipes de Volleyball et de Football, une session hebdomadaire de piscine mixte : Eaux Z’ons le Genre (EZG), et l’action auprès des femmes trans incarcérées.
Le soutien financier de l’OSF à cette période a notamment permis la conception et l’achat de tenues de sport pour les deux équipes, ainsi que le paiement des inscriptions des joueur-se-s au Tournoi International de Paris organisé par la Fédération Sportive Gay et Lesbienne (FSGL) les 23 et 24 mai 2015. C’est la première fois qu’une équipe de football composée à la fois d’hommes et de femmes transgenres participait à un tournoi sportif en France. Cependant, celle-ci n’était pas vraiment très préparée et entrainée pour faire face à la compétition. Le tournoi a permis aux membres de l’équipe de créer une belle dynamique de groupe, démontrant au passage aux autres équipes participantes une visibilité bien plus représentative et diversifiée des questions trans qu’à l’accoutumée. C’est-à- dire, sans se focaliser sur la seule situation des femmes trans : avec la présence d’hommes trans (FtM) dans l’équipe mixte de football d’ACCEPTESS-T, c’est en effet une acception plus large de la transidentité, notamment le simple fait que ce n’est pas toujours un homme qui devient une femme, qui était publiquement mise en acte lors des matches. L’association a ainsi contribué à la venue à visibilité globale des questions trans, les hommes trans représentant un public chaque jour plus impliqué dans ses activités, notamment au travers du sport. Le Tournoi de Paris a toutefois permis à l’équipe de football de comprendre ses limites, notamment le manque d’entrainement, mais aussi les difficultés liées à la transition au plan médical, par exemple l’impact des hormonothérapies, voire des chirurgies de transition de genre, sur certaines pratiques sportives. Ce constat nous a par conséquent amené à penser que le football n’est pas un sport très adapté à la situation de certaines des personnes transgenres sur le plan physique.
L’équipe de Volleyball trans d’ACCEPTESS-T avait déjà eu l’occasion de participer à des tournois les années précédentes, avec de bons résultats et surtout, une reconnaissance publique inédite dans le monde du sport LGBT. En 2015, les entrainements ont pu avoir lieu de manière continue tout au long de l’année. La participation au Tournoi International de Paris à la fin du mois de mai a été l’occasion de faire preuve de visibilité et de capacité dans ce domaine sportif précis, comme les années précédentes
Eaux z’ons le genre : diversité transgenre et mixité sociale
Grâce au soutien financier apporté au projet SporTrans Citoyenneté, cette activité aquatique libre et conviviale a pu être renforcée et s’inscrire dans la durée. EZG a d’emblée été développé par des personnes transidentitaires ou s’auto-définissant dans d’autres expressions de genre afin de renforcer leur intégration et leur visibilité dans la société. Une session de natation et de loisirs a en effet pu être mise en place sur une base régulière, avec le soutien concret de la Mairie du 18e arrondissement de Paris et, en particulier, de Monsieur Ian Brossat, conseiller municipal et adjoint à la Maire de Paris chargé du logement et de l’hébergement. Organisée en collaboration avec l’association d’éducation sportive VIACTI6, elle a d’abord eu lieu tous les mercredis de 18h à 20h, à la piscine des Amiraux (6, rue Herman Lachapelle à Paris 18e), jusqu’au mois de juin 2015. L’objectif principal était de renforcer l’intégration et la visibilité des personnes transgenres dans l’interaction avec différents publics. Ainsi, à la diversité des parcours transgenres potentiellement représentés lors de ces sessions de piscine, est aussi venue s’ajouter celles d’autres publics LGBT ou LGBT friendly, plus âgés ou désireux de pratiquer la natation dans un cadre non compétitif et amical. Cette action avait démarré avec le soutien de Sidaction pour proposer à un petit groupe d’une dizaine de personnes d’aller à la piscine, dans un milieu « protégé », en répondant à des besoins spécifiques. D’abord provisoire, le créneau initialement réservé à la piscine des Amiraux s’était libéré exceptionnellement parce que cette piscine allait fermer. La suite n’était donc pas assurée. Avec l’obtention au mois de mai 2015 du Prix du Jury du Refuge et de l’Institut Randstad pour les « Initiatives contre l’homophobie et la Transphobie » (4e édition)7, nous avons commencé à recevoir de propositions de la Ville de Paris pour obtenir un créneau de piscine permanent pour cette activité- phare de l’association.
Il est très important de souligner qu’EZG ne répond pas simplement aux besoins de la file active globale des bénéficiaires de l’association qui viennent pour des informations, un soutien et un accompagnement sanitaires et sociaux. Ce ne sont pas les besoins prioritaires d’un public trans précaire qui sont d’abord considérés ici. Il est en effet très révélateur que la plupart des personnes habituées à venir aux séances de piscine sont généralement plus insérées, plus françaises, plus éduquées, moins précaires ou soumises à la violence d’un cumul de discriminations, comme dans le cas des femmes trans migrantes qui viennent quotidiennement au local de l’association. Cette activité a plutôt mis à jour la question de l’exposition publique du corps trans, ou plus largement « autre » en milieu sportif, et celle de la mixité, notamment au niveau des vestiaires, ou dans la pratique ludique et non-compétitive d’une activité sportive. Cette action répond donc à des besoins très particuliers, mais communs à tout le monde.